samedi 20 novembre 2010

Mort d’un commis voyageur




“ Mort d’un commis voyageur”

d’Arthur Miller

Soixante années se sont déjà écoulées depuis la première présentation de Mort d'un commis voyageur, la pièce d’Arthur Miller, le 10 février 1949 au Théâtre Morosco de New-York. Les temps ont bien changé depuis, certes, et pourtant les grands mythes de la société américaine dénoncés par Arthur Miller sont toujours d'actualité.

Parce qu’elle véhicule les représentations d’une société, les captant et les renvoyant, une oeuvre littéraire est un objet légitime de questionnement en gestion. Mort d’un commis voyageur connaît, depuis sa création, un énorme succès à travers le monde et Willy Loman (interprété par Didier Benini), le personnage central, est devenu à la fois l’archétype du vendeur et le repoussoir d’une profession. Il incarne le parfait prototype de l'homme ordinaire plongé dans un monde où la quête illusoire de célébrité et de grandeur est plus importante que la connaissance de ses propres limites et de son identité personnelle. Fatigué, essoufflé, perdu et rongé de culpabilité, Willy est incapable d'affronter l'échec et s'entêtera jusqu'à la mort dans ses illusions.

Voici que s'enchaînent successivement les retours en arrière, une oscillation constante entre un passé heureux et un présent tragique. Miller troque la plume contre une sorte de stéthoscope et nous fait intimement partager sa vision introspective du personnage.

La difficile relation père-fils (Biff est interprété par Laurent Barbier), viciée par la culpabilité et les espoirs déçus, s'avère le pilier du spectacle. Biff est prisonnier de la perception de son père qui décharge sur sa progéniture ses projets avortés.

Et c'est notamment à travers les scènes d'affrontements entre les deux comédiens qu'est restitué le souffle tragique de la pièce…au risque d'étouffer peut-être la dénonciation première de la pièce; la perversion de la société moderne face à la faillibilité de tout être humain.

Samedi 20 novembre 2010 à 20h30