mardi 5 juin 2012



L’OBJET DU TRAVAIL SOCIAL N° 6 - ATLAS -

Une exposition réalisée par les étudiants éducateurs spécialisés de troisième année et les artistes Amandine Meyer, Nicolas Pinier et Tommy Laszlo
Porter le monde sur son dos, tel le géant Atlas, c’est de cette façon parfois que les travailleurs sociaux se représentent leur métier.

    L’exposition L’objet du travail social N° 6 consiste dans la présentation d’un Atlas d’images dédié au travail social réalisé par les étudiants Éducateurs spécialisés de 3ème année, accompagnés par des artistes plasticiens, photographe , vidéaste, etc.

« Un Atlas dit Georges Didi-Huberman, est une forme visuelle du savoir, une forme savante du voir ».

    Le travail social est habituellement parlé dans des régimes discursifs appartenant aux sciences sociales. La visée de cet Atlas n’est pas d’illustrer ces discours ni même de les mettre en images : le peintre Edward Hopper disait : « Ce qu’on peut dire, pourquoi le peindre ? » . L’intérêt d’une telle entreprise réside précisément au moment ou le « Montrer » se distingue du « Dire ». Faire cette distinction n’est pas établir une ligne de démarcation entre le rationnel et l’irrationnel qui se substituerait à celle qui passe entre le discours et l’image. Il y a aussi une vérité du sensible. Comment on parle de son travail et comment on le montre sont pourtant deux démarches bien distinctes. Toutes sortes de situations peuvent nous tirer les mots « ça pense ! », le problème sera toujours de trouver comment exprimer sa pensée, la « montrer ». Montrer relève ici de l’image dans sa matérialité physique (« picture ») plus que dans son acception mentale («image »). L’Atlas d’images proposé n’est donc pas de l’ordre du discours mais il n’en est pas moins un objet de pensée, dans lequel la pensée ne précéderait pas l’image mais lui serait concomitante : un objet de pensée en image.

    La technique du montage des images qui œuvre en effectuant un rapprochement entre elles, produit en même temps une interprétation de ces images. Ce sont là les deux actions la base de la production de pensée en image. Il n’est donc pas exclu pour le travail social de « penser » également de manière sensible. Il faut, ce faisant, éviter les trois écueils de la démonstration, de l’illustration et de son pendant la tentation de l’indicible, l’ineffable, l’inexprimable.

    Le point de départ de l’opération de montage se situe bien dans le choix d’une image émouvante, attirante, intrigante, fascinante, pour une raison ignorée qui touche plus au préconscient qu’à l'immédiatement explicable. Ce choix est effectué par un groupe qui se charge de réaliser deux à trois « planches » cohérentes. Le choix d’une première photo de départ est le résultat d’un échange et d’une négociation du groupe, lequel peut garder une photo non sélectionnée à regret, pour en faire le point de départ d’une seconde planche, voire d’une troisième.

Le pas suivant consisterait à rapprocher cette première image d’une deuxième ou de plusieurs autres prélevée(s) dans un corpus d’images et de photos, de photos d’images et de photos de photos dont la première caractéristique serait qu’elles auraient trait au travail social et la seconde qu’elles possèderaient une consistance non abstraite.

Le noyau de cette collection d’images, préexistant aux opérations de prélèvement et de montage, est amassé par les étudiants comme par les intervenants au début de la session. Il peut prendre son origine dans des récits articulés par les étudiants décrivant leur métier, les objets qui s’y rapportent, les images concrètes qu’ils s’en forment ( à condition que ce ne soit ni des symboles, ni des explications, ni des illustrations, ni des associations « poétiques » ou métaphoriques, mais des images concrètes de situations, de non-humains et d’êtres vivants, plantes, animaux, individus, foule). 

    Le produit à l’arrivée aura toutes les qualités sauf celle d’un produit fini en raison du « caractère toujours permutable des configurations d’images (…...) car on pourra toujours trouver de nouveaux rapports, de nouvelles correspondances entre ces photographies »(Georges Didi-Huberman)
Il ne s’agit pas d’une œuvre d’art à proprement parlé à l’interface de l’art et du savoir.

Didier Doumergue






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